Faire la différence entre peur, angoisse et anxiété
Dans le langage courant peur, anxiété et angoisse sont des termes qui sont utilisés indifféremment l'un à la place de l'autre tant ils nous semblent interchangeables dans la plupart des situations. Pour autant, la peur, l'anxiété, l'angoisse, font-elles référence aux mêmes processus ? ou au contraire désignent-elles des phénomènes sensiblement différents ?
La peur
Chacun parmi nous a fait l'expérience de la peur : sueurs, accélération cardiaque, bouche sèche, estomac noué, jambes en coton...La peur est l'émotion la plus communément répandue, sans doute parce qu'elle constitue l'émotion la plus indispensable à notre survie. Le mécanisme est toujours le même : la peur mobilise notre organisme afin qu'il prépare la réponse la plus adaptée possible à la situation. L'homme se fait une représentation mentale de la peur. En effet chez l'être humain, les réactions organiques se doublent d'une série de réactions psychiques qui contribuent à renforcer le sentiment de peur. La plupart du temps l'individu est capable d'identifier l'objet responsable de sa peur : l'obscurité, le vide, la foule...
La peur peut se définir comme une soudaine décharge nerveuse consécutive à un danger brusque réel ou fantasmé qui surprend l'individu et l'oblige à mobiliser ses ressources pour y faire face. Emotion régressive par excellence, la peur ne saurait donc constituer une réponse suffisamment adaptée. Elle assure certes une fonction d'alerte, de défense, de protection, de préparation à l'action mais cette mobilisation a son revers : elle est trop souvent inadaptée à la situation.
L'angoisse
L'angoisse provoque des modifications tant sur le plan somatique que sur le plan psychique. L'individu angoissé se sent comme étouffé, oppressé, pris à un piège dont il ne parvient pas à identifier la nature. A la différence de la peur, l'angoisse n'a pas d'objet précis : la personne ne réussit pas à en saisir la cause profonde. On présente d'ailleurs souvent l'angoisse comme une peur sans objet.
La plupart du temps la personne angoissée ressent comme une crainte diffuse, pouvant aller de la simple inquiétude à un état de panique indescriptible. L'angoisse relève donc d'un stimulus interne dont les causes du déclenchement ne sont pas aisées à identifier, ce qui explique pourquoi elle dure parfois de si nombreuses années sans que le sujet puisse s'en débarrasser. En effet l'angoisse est une sensation pénible de malaise profond, déterminé par l'impression diffuse d'un danger imminent devant lequel on reste désarmé et impuissant.
L'angoisse s'accompagne de modifications neurovégétatives proches de celles provoquées par le stress : gêne respiratoire, boule dans la gorge, pâleur, palpitations, jambes en coton. Cependant ces manifestations ne sont que la conséquence d'un état psychique qui prend sa source ailleurs.
L'anxiété
On définit l'anxiété comme un état affectif caractérisé par un sentiment d'insécurité psychique. A la différence de la peur ou de l'angoisse, l'anxiété ne se traduit pas par des modifications physiologiques précises mais elle s'exprime par une sensation de trouble diffus. L'anxiété est une réaction conditionnée de crainte suite à un ou plusieurs évènements déstabilisants pour le psychisme.
L'état anxieux se carctérise par la mise en place d'un "cycle infernal". Comme la personne ne peut parvenir à trouver des solutions susceptibles de faire tomber le niveau de son anxiété, son état ne fait qu'empirer.
L'attention de la personne anxieuse est plus soutenue que chez les autres personnes, créant un état d'éveil permanent du système nerveux central. Sur le plan physiologique cet état "d'hyper-éveil" se traduira par une libération encore plus importante d'adrénaline augmentant encore plus sa sensation d'angoisse.
La personne anxieuse aura souvent recours à des mécanismes de défense pour tenter de lutter contre ses crises d'anxiété. Ainsi elle peut devenir phobique afin de mettre un nom sur son angoisse. C'est d'ailleurs souvent le seul recours que les individus anxieux trouvent pour lutter contre l'angoisse. Mais ce faisant ils ne font que mettre provisoirement à distance leur anxiété sans pour autant s'en débarrasser. D'autres pourront avoir recours à des mécanismes obsessionnels.
A noter qu'il existe un trouble anxieux généralisé sa caractérisant par une anxiété généralisée, persistante et flottante, d'une durée au moins égale à trois mois, associée à au moins trois symptômes parmi lesquels : une agitation avec la sensation d'être survolté ou à bout, une grande fatigabilité, une irritabilité, des difficultés de concentration ou des trous de mémoire, une tension musculaire, une perturbation du sommeil.
Que se soit de la peur, de l'angoisse ou de l'anxiété; si ces processus psychiques vous épuisent, vous envahissent, vous troublent dans votre vie quotidienne; n'hésitez pas à en parler et à vous faire prendre en charge par un professionnel de la santé.
Aurore Falleri
Psychothérapeute pour enfants/ados et adultes/couples
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