En une décennie, le stress est devenue un des sujets les plus préoccupants et populaires de notre époque. Mais qu'est il réellement, et ne cache t'il pas réellement un malaise plus important que celui des symptômes pour lesquels il est reconnu, et plus particulièrement un problème de relation à soi.
Qu'est ce que le stress?
En fait, bien peu savent répondre à cette question, car le stress est un phénomène de mode, créé et entretenu par la conscience collective.
Les définitions du stress nous viennent des neurologues et nous pouvons nous référer à wikipédia; cependant lorsque votre compagnon (compagne), votre patient (client), vous même affirmez être stressé, ce petit mot sert à se cacher, à s'identifier à notre époque et à nos contemporains et à ne pas se définir. La première maladie du stress, c'est que vous n'existez plus -ou que vous n'avez jamais véritablement existé- en tant qu'être humain appartenant à la famille humaine, vous n'êtes plus que conscience collective : et cela apporte un pseudo sentiment de sécurité et d'appartenance.
En deuxième lieu, le stressé ne définit pas les symptômes dont il souffre puisque derrière cette étiquette, nous lui avons donné (enfin) une identité.
Les thérapeutes, les médecins et personnels soignant en font l'expérience au quotidien: le malade reconnait être stressé et attend patiemment sa prise en charge de sa maladie "le stress".
Cependant, nous pouvons assez aisément définir les symptômes du stress : fatigue physique et nerveuse, irritabilité, émotions à fleur de peau, dérèglement des métabolismes du sommeil, de la digestion, parfois constipation, parfois démangeaisons, éruptions cutanées, migraines, inappétence, douleur du dos et/ou des cervicales... l'individu est parvenu à la limite de ce qu'il peut endurer en terme d'agressions (physique, psychologique, énergétique, vibratoire...).
Mais si, un instant, nous retirons de notre vocabulaire ce petit mot ridicule (doté d'un immense pouvoir pour ceux qui ont choisi de le vénérer, pour ceux également qui ont choisi d'en faire leur business), nous avons seulement les symptômes d'un épuisement. En médecine chinoise, on pourrait s'orienter vers un vide de yin du Rein et du Foie qui selon les individus va s'articuler autour d'un vide de yin général, d'un vide de Qi ou une stagnation du Qi du Foie. Mais cela n'est qu'un aperçu, une hypothèse de travail car chaque individu est unique, porteur d'un terrain particulier et la pilule qui traite tout le monde dans le même symptôme n'existe que dans l'imaginaire des fabricants et des vendeurs.
C'est là aussi que le talent du médecin, du thérapeute, du praticien fait toute la différence.
Revenons un instant à notre malade du stress. Pourquoi cette personne, dans un état d'épuisement très avancé, ne s'arrête t'elle pas pour se régénérer?
Parce qu'elle ne se l'autorise pas et/ou parce qu'elle n'en a pas conscience.
Dans la vision taoïste, nous disposons d'un cerveau abdominal, à quelques centimètres sous le nombril, qui est beaucoup plus que l'agglutination de milliers de neurones, c'est le centre de la conscience corporelle. C'est le Hara chez les japonnais, le Dan tian chez les chinois, à la fois centre de force énergétique, centre de gravité mais aussi siège de la conscience corporelle, une dimension de notre être que l'on pourrait détailler sous les aspects de la matière, de l'énergie et de la conscience.
Cependant, dans le stade actuel de notre humanité, cette conscience corporelle est encore peu développée. Si cette conscience était développée, elle nous informerait en permanence de notre état de santé, elle nous orienterait vers des pratiques, alimentations, environnements de vie qui nous sont favorables, qui nous régulent et nous n'aurions plus besoin des maladies pour exprimer nos mal à dire, parce que nous aurions conscience de ce qui ce vit à l'intérieur de nous. Nous deviendrions un système auto-régulé ou capable de s'auto-réguler.
Mais si certains individus ont déjà une bonne relation avec cet étage de notre être, d'autres (ceux susceptibles d'être saisi par l'odieux virus du stress) n'en sont pas là dans leur relation à eux même.
Car c'est de relation à soi, de relation entre notre conscience mentale ou centre de la tête et notre conscience corporelle ou centre du corps, dont il s'agit. La tête ne connaît pas le corps.
Car connaître son corps, ce n'est pas une question de sport, d'activité physique mais de conscience. Dans quelle relation avec mon corps, je pratique; est ce une relation ou une dynamique de volonté imposée par la tête sur le corps pour réaliser un acte dont le profit peut être la satisfaction d'avoir accompli un défi, ou une nécessité collective de "bougez et faites du sport", une obligation motivée par la peur de ne pas être en santé...
La tête ne connait pas le corps lorsqu'elle ne perçoit pas ou plus les signaux que le corps lance; alors le cavalier n'est plus porté par sa monture mais c'est le contraire. Si dans la rue, nous voyons un jockey porté son cheval, la situation est ridicule sauf si c'est Shrek qui porte son compagnon l'âne.
Dans le phénomène du stress, le cavalier n'est plus porté par sa monture -le corps, le cavalier continue à courir devant en tirant la monture qui traîne sur le bitume. Car lorsque notre corps, régit par cette dimension de conscience corporelle, est en état d'agression (et l'épuisement est une agression) il se verrouille, se ferme pour se protéger. Tous les animaux font cela et nous n'échappons pas à la règle. Cette fermeture/protection entraîne également le verrouillage du cerveau reptilien à la base de l'occiput, l'énergie et le sang ne circulent plus dans les profondeurs du corps et sont maintenus en surface pour faire face à l'attaque, l'agression.
Si le stimuli d'agression ne redescend pas, ou s'il a été trop puissant, le cerveau reptilien et le cerveau du corps ne déverrouillent plus et l'individu perd la capacité de se régénérer, de digérer les vécus qui le traversent car ce sont dans ces métabolismes profonds que s'effectuent la régénération de l'individu, la fabrication de l'énergie, du sang, des liquides organiques et leur transport dans la totalité du corps.
Dans la tradition chinoise, le corps nourrit le cœur et le cœur nourrit l'esprit. Donc le corps est la racine de l'esprit. Si nous perdons l'étage du corps, l'esprit est dissocié ou déstructuré (coupé de la structure). A ce moment là, la tête ne connait pas le corps.
Le corps alors Yin par rapport à la tête Yang n'assure plus son rôle nourricier, les deux principes entrent en opposition : le Yang -dans une réponse d'adaptation et de survie- va tenter de soumettre le Yin. Mais le Yin ne s'ouvre que par la douceur et non par la force. Evidemment, derrière ce modèle, on voit déjà apparaître les notions de masculin et de féminin que nous portons tous, et les relations entre ces deux polarités à l'intérieur de nous et aussi à l'extérieur de nous, nous pouvons également comprendre pourquoi des pratiques de santé trop volontaires ou effectuées dans la force et la contrainte sur le corps n'apportent pas les effets escomptés.
Dans son langage d'adaptation, le yang va chercher à gérer le stress, à combattre le stress. Je trouve ces termes significatifs sur la volonté qui s'impose pour que ce stress disparaisse, pour un retour à un état satisfaisant qui alors pourrait être défini par l'état où le corps obéit à nos injonctions et ne vient pas nous paralyser avec ces enfantillages non productifs: je caricature mais malheureusement c'est ce que je vois et entends chez nombre de personnes impliqués dans le stress.
Il apparaît deux types de population susceptibles de connaître la problématique du stress:
- les premiers individus se sont laissés débordés par un vécu, ont perdu les rythmes naturels qui sont au fond d'eux et ont déclenché les symptômes cités plus avant; un retour au corps va permettre au cerveau abdominal de reprendre ses fonctions et tout rentre dans l'ordre rapidement. Souvent, ces personnes vont effectuer des réglages dans leur vie/environnement pour être davantage en accord avec elles mêmes.
- la deuxième population est plus complexe car dans leur construction (phase intra-utérine, petite enfance), une information a contrarié la mise en place de la conscience corporelle. On ne peut plus harmoniser le yang avec le yin, ou débloquer un vécu qui a fermé l'harmonie du système, c'est le terrain qui est fragile et qu'il faut modifier.
A mes débuts dans mon parcours professionnel de thérapeute, j'ai traité des cas simples puis peu à peu des cas de plus en plus complexes. Souvent, face au client, alors que je réunissais les éléments pour mon bilan énergétique et que je m'interrogeais sur le traitement que j'allais devoir mettre en place, une image humoristique me venait : un petit chinois s'avançait jusqu'au client, le scrutait, puis en se tournant vers moi disait avec un accent très asiatique "trop de tête, pas assez de corps".
Désormais, je traite et accompagne cette population qui nécessite un travail de construction de cette dimension de la conscience corporelle.
La difficulté de ce travail réside dans la complexité à faire comprendre (prendre avec soi) à ces personnes qu'elles entretiennent un schéma de conflit contre une facette de leur être dont elle ignore l'existence et que leur personnalité (notre réponse d'adaptation) appartient à l'équation: le système ne peut être modifié s'il n'y a pas un choix de changement.
Et ce choix porte sur une nouvelle définition de leur identité, non plus celle définit par les schémas éducatifs familiaux et sociétaux, et une nouvelle définition de leur relation à eux même, leur permettant de grandir, en conscience pour devenir des individus plus harmonieux dans leur relation entre le corps, le cœur et la tête.
Joel Garnier, Médecine Traditionnelle Chinoise, Alpes-de-Haute-ProvenceABONNEZ-VOUS DE NOTRE NEWSLETTER
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Cet article Stress, un problème de relation à soi et d’identité est apparu en premier sur Neo Bien-être.