C’est d’abord une qualité de regard que l’on pose sur la personne. Un regard qui la fait se sentir respectée et qui la fait exister.
C’est l’accueillir en se disant que quoiqu’il en soit et quoique l’on puisse penser, à sa place nous ne ferions pas mieux. Ce qui est vrai, puisque nous ne somme pas à sa place et que nous ne vivons pas ce qu’elle vit.
C’est une écoute sans jugement, d’une curiosité bienveillante. Une écoute qui met au centre l’expérience de vie, les compétences et les savoirs de la personne.
Cela signifie que la posture de l’art-thérapeute humaniste est un « regarder-écouter » la personne, non comme en manque de quelque chose, mais plutôt de la regarder comme une personne pleine de quelque chose : de ressources, de valeurs, d’expériences, de savoirs… Si elle est là dans l’atelier, auprès de nous, c’est qu’elle est déjà en mouvement vers son objectif, même si elle n’en n’a pas toujours une idée très claire.
« Regarder-écouter » le plein va générer automatiquement un questionnement différent de celui qui habituellement se focalise sur la souffrance ou le manque. Dès la première rencontre s’engage avec la personne un échange qu’elle n’avait jamais eu auparavant, un échange ressourçant.
Exemple : Comment vous est venue l’idée de venir me voir ? Qu’est-ce que vous privilégiez en venant me voir ? Comment faites-vous pour résister, ou supporter votre situation ? Qu’est-ce que votre situation vous apprend, vous a appris et qui vous sera utile pour demain ? Comment avez-vous réussi à vous en sortir ?...
Ce type de questions honore les compétences, les intentions, les savoirs, l’expérience de vie de la personne. Il ne s’agit pas de nier le problème, la difficulté, la souffrance ou l’objectif de la personne qui vient en thérapie, mais plutôt de construire avec elle une vision d’elle-même qui va la rendre plus forte pour confronter les défis de son existence, de sa vie.
Souvent les personnes qui viennent voir le thérapeute, quand elles vivent des situations difficiles, ne trouvent plus leur vie très intéressante. Elles ont l’impression de subir, de ne plus rien contrôler et donnent une description très pauvre d’elles-mêmes. Elles sont dans la survie et dans la survie il n’y a plus de relation.
Accompagner est une manière de « regarder-écouter » les personnes en sachant qu’elles possèdent en elles plus d’expérience et de ressources pour résoudre leurs difficultés que toute autre personne. C’est accueillir chaque personne comme experte de sa vie et de sa survie.
Cette posture invite l’accompagnant à une curiosité pure, à poser des questions à laquelle il a vraiment envie d’avoir la réponse : « Racontez-moi… Comment faites-vous… Dites-moi… Qu’est-ce qui vous a permis de… ».
L’art-thérapie est une approche merveilleuse qui, invitant d’emblée la personne à la création, facilite à travers elle la mise en mots. Des mots qui racontent d’où elle vient, quels sont ses besoins, ses forces, sa sensibilité, ses goûts, ses rêves, ses projets, ceux et celles de son entourage qui sont importants pour elle.
Ainsi l’accompagnant, en questionnant avec cette curiosité pure, - que ce soit ou non avec l’appui de la création/réalisation de la personne -, permet de lui redonner ses savoirs, sa connaissance, sa valeur et la conscience de cela. Redonner ses propres savoirs/connaissances à la personne nécessite évidemment que le thérapeute abandonne ses propres savoirs et devienne un accompagnant « ignorant » qui simplement reste expert du processus.
Accompagner la personne du côté de la vie lui redonne une densité plus vivante. Être à nouveau dans la vie permet de retrouver son corps, d’accueillir ses émotions, d’être à nouveau relié, associé et dans la coopération ; d’être dans l’action, plutôt que dans la réaction. Reprenant confiance en elle, la personne peut alors se retourner sur ses difficultés et voir comment leur faire face. Être dans la vie c’est avoir le choix.
Catherine Jenny - www.ecole-art-therapie.fr
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